La queue et les oreilles

Pérols (Hérault), commune de 9 000 habitants, administrée par M. Jean-Pierre Rico (UDI). En Février 2023, le Maire annonce le retour de la corrida, le 15 Juillet 2023, dans les arènes municipales. Le club taurin a fêté son centenaire et la jeune génération réclame des évènements culturels locaux.

Monsieur Rico invoque également l’amour du taureau. « Le taureau blanc, celui qui se combat et que l’on respecte dans un combat guerrier« . A Pérols, la tauromachie fait partie des traditions.

Trois Pérolais et l’Alliance Anticorrida, association de défense des animaux contestent aussitôt l’arrêté municipal devant le Tribunal Administratif de Montpellier, arguant que la commune de Pérols ne se trouve pas dans une zone géographique de tradition locale de corridas; qu’en tout état de cause, la ville n’en organise plus depuis 2003.

2/07/1850 : la Loi GRAMMONT

Emu par le sort des chevaux de guerre et la maltraitance envers les animaux dans les rues parisiennes, le Général Jacques Delmas de Grammont fit voter la première loi pénale qui incrimine les mauvais traitements publics infligés aux animaux : 

« Seront punis d’une amende de cinq à quinze francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques. » 

Cette loi entraîna des velléités d’interdiction des corridas en France, soulevant l’indignation des populations concernées. À Nîmes, le torero Mazzantini fut expulsé de France en 1895, à Dax Félix Robert fut emprisonné. Malgré tout, les corridas perdurent.

En 1951, la loi est amendée : la corrida devient une exception culturelle, limitée aux « régions de tradition locale ininterrompue » , jugée conforme à la Constitution.

TA MONTPELLIER, 16/05/2023

« Dans nos écoles, les petits ne jouent pas aux billes mais aux taureaux et raseteurs. C’est une culture ancrée dans la ville dès le plus jeune âge, et qui contribue à l’intégration de nouveaux habitants car les petits demandent à leurs parents d’aller aux arènes voir les courses libres, les vachettes et les toros-piscine. Il y a eu beaucoup d’arrivants à Pérols : on est passé de 4 000 à 9 000 habitants ces trente dernières années. Les traditions taurines créent énormément de lien avec les nouveaux arrivants confiait le maire de Pérols à la presse, le 9 Février.

« Chacun sait bien que la corrida, c’est moche, sale, violent, sanguinolent, que cela n’a rien à voir avec la culture ni l’art puisqu’il s’agit de torturer lentement et cruellement des animaux splendides. En voulant accueillir à nouveau, en ce qui fut un lieu de bonheur et de grâce, plus de vingt ans après qu’elles en ont disparu, ces séances mortifères, vous allez en marquer à jamais votre village au fer rouge. Pérols, que chacun chérit depuis toujours et pour l’éternité, à la suite de cette décision invraisemblable, va, en effet, se retrouver indissolublement liée à la cruauté. » lui répondait l’écrivain Henry-Jean Servat en Avril.

Saisi d’abord en référé (eu égard l’urgence), le Tribunal Administratif a tranché : Pérols ne se situe pas dans une zone de tradition locale ininterrompue. En conséquence, aucune corrida ne peut plus s’y organiser. L’arrêté municipal est suspendu dans l’attente d’une décision sur le fond.

L’association Alliance Anticorrida s’est félicitée de cette décision qu’elle qualifie de « bon sens ». « Nous avions démontré qu’une grande partie de la population de Pérols ne voulait pas de cette corrida . Nous avions envoyé un mailing de 2100 courriers aux habitants de la ville. 550 foyers, soit un quart de la ville nous a répondu en disant qu’elle ne voulait plus de corrida« .

Sur le fond, l’audience était fixée au 1er Juin 2023. Mais « puisque, « de facto », par cette première décision du juge administratif, « aucun club ou organisation quelle qu’elle soit ne peut donner ce type de spectacle » dans les arènes de Pérols, l’association et son avocat ont finalement « décidé de ne pas maintenir cette deuxième procédure d’urgence » a annoncé l’association Alliance Anticorrida.

3 commentaires sur « La queue et les oreilles »

  1. Une fois, une seule fois, j’ai assisté à une corrida, juste pour voir et me faire ma propre idée. C’était à Gérone (Espagne). Une horrible boucherie. Plusieurs animaux sacrifiés dans d’atroces souffrances, dont un achevé à coups de poignards parce-que la muleta ne l’avait pas transpercé au bon endroit. Je passe les rivières de sang et autres détails sordides.
    Je me demande si les adeptes y seraient toujours favorables s’il s’agissait de chevaux, de chiens ou de chats…
    La tradition est une excuse commode pour faire accepter l’inacceptable (la corrida, le bizutage, etc…).

    Aimé par 1 personne

  2. Les oreilles et la queue… celles des toreros… Les corridas c’est comme Hanouna: si personne ne les regardait elles disparaîtraient et il n’y aurait pas besoin de légiférer et d’alimenter des débats sur fond de valeurs soit disant culturelles

    J’aime

Répondre à blackbonnie64 Annuler la réponse.

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s